Liban : Des centaines d’Arméniens libanais ont affronté la police devant l’ambassade d’Azerbaïdjan à Beyrouth.


Des centaines d’Arméniens libanais ont affronté la police devant l’ambassade d’Azerbaïdjan à Beyrouth.

Publié le 30.9.2023


La communauté arménienne du monde est sous le choc après l’invasion militaire par l’Azerbaïdjan et la reconquête de l’enclave du Haut-Karabakh. Les dirigeants arméniens de l’enclave ont annoncé la dissolution de la République d’Artsakh indépendante de facto d’ici au 1er janvier, après 30 ans de tentative de reconnaissance internationale. La moitié de la population a fui vers l’Arménie depuis l’attaque azerbaïdjanaise.

Lundi, au moins 68 personnes ont été tuées lors de l’exode lorsqu’un réservoir de carburant a explosé dans une station-service où des personnes fuyant vers l’Arménie faisaient la queue pour faire le plein. Le Liban abrite l’une des plus grandes communautés de diaspora arménienne au monde et est devenu l’un des deux seuls pays arabes à reconnaître le génocide arménien, à la suite de la Syrie, en 2000.

Des centaines d’Arméniens libanais se sont affrontés jeudi avec la police anti-émeute devant l’ambassade d’Azerbaïdjan dans le nord de Beyrouth lors d’une manifestation contre l’offensive militaire azerbaïdjanaise qui a repris le Haut-Karabakh aux autorités arméniennes séparatistes de l’enclave.

Les manifestants ont brandi des drapeaux de l’Arménie et du Haut-Karabakh et ont brûlé des affiches du président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et du président turc Recep Tayyip Erdogan lors de la manifestation dans la banlieue d’Ein Aar de la capitale libanaise.

La police anti-émeute libanaise a lancé des grenades lacrymogènes sur les manifestants après que ceux-ci ont lancé des pétards vers le bâtiment de l’ambassade.

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Le blitz militaire azerbaïdjanais qui a duré 24 heures la semaine dernière a forcé les autorités séparatistes arméniennes à accepter de déposer les armes et de s’asseoir pour des négociations sur la « réintégration » du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan. Le gouvernement séparatiste a annoncé jeudi qu’il se dissoudrait et que la république non reconnue cesserait d’exister d’ici la fin de l’année, après trois décennies de tentative d’indépendance.

Un manifestant arménien libanais affronte la police anti-émeute devant l’ambassade d’Azerbaïdjan près de Beyrouth, au Liban, le jeudi 28 septembre 2023. (Photo AP/Hussein Malla)

Plus de 50 % des 120 000 habitants du Haut-Karabagh ont quitté la région pour l’Arménie mercredi à la tombée de la nuit. Bien que les autorités azerbaïdjanaises aient promis de respecter les droits des Arméniens de souche, beaucoup craignent des représailles. L’ancien chef du gouvernement séparatiste du Haut-Karabakh a été arrêté alors qu’il tentait de passer en Arménie aux côtés de dizaines de milliers d’autres personnes qui ont fui.

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Durant la campagne d’indépendance de l’enclave, les Arméniens libanais ont envoyé de l’argent et de l’aide, et ont activement fait campagne dans les médias en faveur du Haut-Karabakh, qu’ils appellent Artsakh.

Le Liban est plongé dans une crise économique sans précédent, qui a récemment restreint le soutien financier des Arméniens libanais au Haut-Karabakh en raison des banques imposant des limites de retrait strictes.

Le Liban, petit pays méditerranéen d’environ 6 millions d’habitants, abrite quelque 150 000 Arméniens. C’est l’une des plus grandes communautés arméniennes au monde en dehors de l’Arménie, dont la plupart sont des descendants de survivants des massacres de 1915 perpétrés pendant les derniers jours de l’Empire ottoman.