Ukraine : Le nouveau plan opérationnel de la Russie dans la guerre en Ukraine : effectuer une interdiction aérienne sans suprématie aérienne.


Le nouveau plan opérationnel de la Russie dans la guerre en Ukraine : effectuer une interdiction aérienne sans suprématie aérienne.

Publié le 26.11.2022


Le général russe Sergueï Sourovikine mène une campagne militaire du XXIe siècle en Ukraine en utilisant les méthodes les plus modernes. Par exemple, Sourovikine est un partisan de « l’approche indirecte » du théoricien militaire britannique Basil Henry Liddell Harth.

« L’action indirecte » vise à priver les forces ennemies des ressources dont elles ont besoin pour poursuivre la guerre en les déstabilisant.

En conséquence, l’armée russe a temporairement abandonné les opérations offensives de grande envergure contre les positions des forces armées ukrainiennes.

Depuis le 10 novembre, Sergueï Sourovikine s’est attaché à détruire les infrastructures critiques du régime de Kiev par des frappes massives contre diverses installations énergétiques. Les actions du général russe affectent également l’état physique et moral de l’ennemi, et l’effet s’intensifiera avec le refroidissement du temps. Donc ne vous attendez pas à ce que les frappes de missiles russes s’arrêtent. L’infrastructure critique de l’Ukraine a été tellement affaiblie que chaque fois que les Russes effectuent une nouvelle frappe aérienne, le système national ukrainien s’effondre. La chose la plus importante maintenant est que l’interrupteur en Ukraine est dans la main du général Sourovikine.

Quelques-uns des objectifs

  • 1. L’Occident a envoyé à l’armée ukrainienne de plus en plus d’armes et de munitions, qui ont franchi les frontières et ont pu atteindre le front sans encombre. Malgré ses efforts, la Russie n’a pas encore réussi à obtenir la suprématie aérienne totale au-dessus de l’Ukraine et les batteries de missiles ukrainiennes constituent toujours une menace réelle pour la puissance aérienne russe. Cela a empêché l’aviation militaire russe d’effectuer toute une série de missions spécifiques, dont l’INTERDICTION AÉRIENNE. Dans la terminologie militaire, l’INTERDICTION AÉRIENNE consiste à empêcher le déploiement/ravitaillement des troupes et des équipements de combat de l’intérieur du territoire vers la ligne de front.

Toutefois, l’armée russe a réussi à détecter et à frapper avec des missiles Iskander plusieurs centres occidentaux de stockage d’armes et de munitions dans le nord et l’ouest de l’Ukraine. À plusieurs reprises, il a même frappé des trains avec des missiles de croisière. Ils ne s’arrêtaient dans les gares que pendant le temps de chargement ou de déchargement de ces armes. Ces frappes ont été possibles parce que les troupes et les équipements de combat ukrainiens étaient stationnés pendant des heures au même endroit sans couverture AA sérieuse.

Aujourd’hui, la situation a changé. Dès que l’armée russe coupe le courant en Ukraine, le transport ferroviaire s’arrête et avec lui les trains d’armes, de munitions et de troupes envoyées sur la ligne de front. La différence entre avant le 10 novembre et aujourd’hui est que le général Sergueï Sourovikine peut choisir, chaque jour, quelles rames militaires ukrainiennes détruire, où elles doivent être arrêtées par l’armée russe, et quels missiles russes utiliser contre elles. Ainsi l’armée russe effectue une tâche d’INTERDICTION AÉRIENNE, SANS DISPOSER D’UNE VERITABLE SUPPREMATIE AÉRIENNE.

Lorsque les Russes coupent le courant, les convois de trains ukrainiens, transportant des armements occidentaux destinés au front, sont laissés sur place, en rase campagne, sans aucune défense aérienne, exactement là où l’armée russe s’était établie auparavant. Et ils sont immédiatement attaqués par des missiles russes, comme lors de l’entraînement de base des militaires russes au champ de tir d’Astrahan.

  • 2. le réseau satellitaire « Starlink » de Elon Musk, qui fournit une connexion Internet illimitée à l’Ukraine. Il est indispensable à l’armée ukrainienne, car il est utilisé pour recevoir des renseignements provenant des systèmes d’alerte précoce américains AWACS, des systèmes de reconnaissance aérienne embarqués et sans pilote. Sans ces informations, les militaires ukrainiens seraient « aveugles et sourds » aux manœuvres militaires russes, aux raids aériens tactiques et aux tirs de missiles de croisière russes. Les spécialistes militaires savent que la Russie dispose de plusieurs équipements de brouillage pour le réseau de satellites « Starlink ».

Pourtant, la Russie n’a pas touché à Starlink et ne le fera pas dans le futur. Parce que « Starlink » est une arme à double tranchant pour le président Zelensky. Moscou est capable d’exécuter des offensives mondiales PSYOPS (opération d’influence psychologique) de 4ème génération visant à détruire, épuiser et paralyser les organes du pouvoir de tout état ennemi. En Ukraine, les PSYOPS russes visent à inoculer aux militaires, mais surtout à la population, une perception prédéfinie qui est la vision propre de la Russie, contraire à celle de l’administration de Kiev.

Les réseaux sociaux Twitter ou Facebook, VK, Telegram, etc., sont des canaux publics de transmission de données sur Internet, rien de plus. Sauf que sans le réseau Starlink de Elon Musk qui fournit l’internet en Ukraine, il n’y aurait pas de réseaux sociaux par lesquels la Russie pourrait induire un état d’agitation et de panique parmi la population ukrainienne. Elle ne peut pas non plus former des groupes virtuels de mécontents pour préparer des actions de protestation contre le régime de Zelensky. La technologie de fabrication de rassemblements « spontanés » de ce type s’est répandue aux États-Unis, elle est appelée « Smart Mobs » et vise à secouer la situation politique interne d’un pays donné.

La destruction des infrastructures critiques aura un impact significatif sur l’humeur du public ukrainien. On suppose que les manifestations de rue seront motivées par le fait que les Ukrainiens ne peuvent plus satisfaire leurs besoins élémentaires (nourriture, lumière, eau potable, chauffage, etc.). La population ukrainienne en a déjà assez de la guerre, de sorte que la résistance interne ukrainienne gagnera rapidement en popularité. L’OTAN utilise les méthodes PSYOPS depuis longtemps. On a pu le constater par exemple en 1999, lorsque l’OTAN a bombardé les infrastructures de la Serbie afin de provoquer des manifestations de rue contre Slobodan Milosevic. Avec un nouveau Maïdan dirigé contre lui, le régime de Kiev ne survivra pas jusqu’au printemps.

Par Valentin Vasilescu : politicien et un ancien pilote de l’armée de l’air roumaine
Source : Traduction Avic – Réseau International