Alexandre : De la Coupe de Football à Beyrouth, la goujaterie inconsciente d’Emmanuel Macron
Publié le 12 août 2020
Une analyse d’Alexandre, lecteur du blog de Nicolas Bonnal :

Partie 1 : L’incompétence amène l’inconscience
Dans le film de 1979 “Coup de tête” avec Patrick Dewaere, un industriel de province à la tête de son club de foot déclare : « J’entretiens onze imbéciles pour en calmer huit cents, qui n’attendent qu’une occasion pour s’agiter. »
Le langage cinématographique impose au film de dévoiler son sujet de manière explicite, afin que les non-politiques (ils sont nombreux et même majoritaires) comprennent son message politique, mais même à l’échelle d’une petite ville au moins tous les colistiers des municipales comprennent cela naturellement. C’est d’ailleurs pour cela, à l’époque où il y avait encore des élections en France, que l’on envoyait en province les jeunes chiens fous tout juste diplômés de leur prestigieuse école, pour qu’ils apprennent ce que tout le monde sait déjà.
Ce sens du politique s’apprenait en serrant des mains dans les marchés des villages et des quartiers, en débattant avec des syndicalistes et des opposants, car il n’y a pas d’autre école que celle-là. C’est une formation absolument nécessaire à celui qui prétend diriger des hommes, même le petit industriel de “Coup de Tête” la connaît.
Mais comme avec toute formation, tous ne réussissent pas. En France aujourd’hui, comme tout pays du Tiers-Monde, on accable de menaces les professeurs consciencieux et l’on soumet ou corrompt les autres, afin que la progéniture reçoive un diplôme devenu sans valeur. Les professeurs et les élèves doués foutent le camp, et le diplôme n’est plus qu’une formalité entendue, une charge d’Ancien Régime qui sert à légitimer sa position sur le totem féodale.
Soit dit en passant : on n’a jamais compté la quantité d’officiers issus des privilèges qui se sont fait laminer dans toute l’Europe par ce petit noble Corse et ses officiers trempés aux guerres de la Révolution. Tout va bien dans un monde clos et féodal jusqu’à ce que les personnes compétentes arrivent, qui d’une culture étrangère, qui de la population qui elle-même est devenue une culture étrangère.
Depuis au plus tard la coupe du monde de football de 2018, nous avons tous compris qu’Emmanuel Macron n’a aucun sens du politique, même pas celui du petit industriel de “Coup de Tête”. Il n’a pas compris que la Coupe du Monde c’est entretenir onze personnes pour en calmer soixante millions d’autres, il a privé de ses héros une foule gigantesque venue de loin jusque sur les Champs-Elysées. Un an plus tard, le même endroit sera envahi par les Gilets Jaunes et deviendra la marque de son échec. L’incompétence politique se paie cher, ce que les gens qui serrent les mains sur les marchés arrivent à percevoir rapidement.
Partie 2 : Beyrouth ne peut pas être une école pour celui qui ne sait pas apprendre
Cette incompétence de Macron est encore plus grave à l’étranger, notamment à Beyrouth lorsqu’il est confronté à ceux qui savent ce que la guerre révèle des hommes et de la réalité. Pour faire simple, le plus naïf a rencontré le plus expérimenté.
Venir à Beyrouth pour promouvoir une enquête internationale “transparente” (soit dit en passant, c’est comme l’école “de la confiance”, une précision non nécessaire qui provoque immédiatement la suspicion, une bourde qui serait sanctionable sur une copie de lycéen), alors même que le président des Etats-Unis a déjà déclaré qu’il s’agissait d’une attaque et qu’une grande partie des habitants de la ville dévastée pense qu’il s’agit d’une attaque israëlienne, c’est soit stupide soit cynique.
C’est comme si le gouverneur de Floride était venu voir Fidel Castro pour promettre de faire toute la lumière sur cette affaire de Baie des Cochons.
Arriver dans un pays exsangue de par les sanctions venues de l’extérieur (la Grèce en pire) et qui vient tout juste de subir une attaque subatomique, afin de veiller à ce que “l’aide aille bien où elle doit aller” et émettre des exigences sur la manière dont doit fonctionner le pays, c’est soit le commis qui vient collecter la facture (dixit “Apocalypse Now”) soit faire comme on fait en France et exiger ceci et cela, avec le succès que l’on connaît.
La réponse du président libanais (85 ans au compteur, une vie remplie à diriger à travers les guerres civiles et les magouilles internationales incessantes) est d’un tout autre calibre.
Il demande au Français de « fournir des images aériennes pour que nous puissions déterminer s’il y avait des avions dans l’espace (aérien) ou des missiles » et d’ajouter « Si ces images ne sont pas disponibles chez les Français, on demandera à d’autres pays ».
Quelles sont les options que cela implique ?
- la France n’a pas d’image (peu probable) : les Français sont nuls et n’ont rien à faire au Liban
- La France a des images mais ne les transmet pas : les Français sont complices (c’est le plus probable, c’est pourquoi le président libanais a fait cette demande)
- La France a des images et transmet des images bidouillées qui ne montrent rien, ce que l’on pourra immédiatement constater, puisque le président libanais n’aurait pas l’idée de demander un document si spécifique sans en avoir obtenu un équivalent de la part d’un autre pays (ou alors il bluffe car cela ne coûte rien et permet tout de même d’humilier son interlocuteur français, par le ton même de la demande)
- En aucun cas on ne peut imaginer le cas de figure où la France transmet des images où l’on voit quelque chose, car cela voudrait dire que dès le début le gouvernement français s’est fait le complice, par le silence, d’un crime de guerre contre le Liban, ajoutant ensuite l’infamie de prétendre aider.
La demande du président libanais implique qu’il a des informations d’autres sources. On peut tout à fait imaginer qu’il se contente d’un relevé fourni par les Russes ou même les Chinois (pourquoi pas ?). Il n’y a pas beaucoup de pays qui aient les moyens et la volonté d’observer le Proche-Orient de manière continuelle.
Vu l’assurance du président des Etats-Unis, il est possible d’imaginer que celui-ci ait également fourni au Liban des images, et que celles-ci correspondent parfaitement à celles des Russes, sans quoi il y aurait tentative d’entourloupe, et ce n’est pas le moment de faire ce genre de choses, on n’est pas en France tout de même (je pense entre autres à cet hôpital pris d’assaut par les Gilets Jaunes…)
Partie 3 : Trois éventualités : la logique, l’impensable-dévastatrice et la pathétique
Comme cet article parle d’Emmanuel Macron, on pourrait s’arrêter là, maintenant que l’on parle des grandes puissances. Mais on n’a pas fait encore fait tout le tour de la question.
S’il y a eu attaque délibérée du Liban avec “some sort of bomb”, il y a très peu de pays qui disposent de ce genre de technologies et de budget.
L’option logique est une attaque par Israël, un pays relativement petit, qui aime bien investir dans les moyens de destruction modernes, et qui se conduit maintenant comme un fou furieux, à balancer des bombes subatomiques dans la région. Qu’il y ait un programme américano-russe de désarmement nucléaire d’Israël est une éventualité qu’il faudra repousser au-delà des éléctions de novembre 2020 (le planning c’est important lorsqu’on fait des conneries)
L’option impensable c’est qu’une partie des forces armées des Etats-Unis, telle une légion romaine renégate (c’est arrivé), décide de faire cavalier seul. C’est impensable, mais dans cette éventualité de science-fiction, il s’agit des prémisses de la Seconde Guerre Civile aux Etats-Unis, à l’âge de l’atome ça serait dévastateur.
L’option pathétique c’est qu’Israël ne mente pas lorsqu’elle déclare ne pas avoir mené d’attaque. Il s’agirait alors d’un pays qui le fasse pour lui, un pays avec des capacités technologiques et capacitaires adéquates, et qui aurait toutes les raisons de disposer d’images aériennes de ce moment précis. Or à ma connaissance le Liban n’a pas demandé des images au gouvernement britannique !
Rappel :
Source 1: Nicolas Bonnal
Source 2: O.Demeulenaere