Q SCOOP – Affaire Girard : Le parquet de Paris ouvre une enquête pour viol

Affaire Girard : Le parquet de Paris ouvre une enquête pour viol après les révélations visant l’ex-adjoint d’Hidalgo

Par LIBERATION, avec AFPChristophe Girard, le 18 décembre 2013. 


Christophe Girard, ex-adjoint à la culture de Paris, accusé d’abus sexuels

Photo Lionel Bonaventure. AFP

Poussé à la démission le 23 juillet pour ses liens avec l’écrivain Gabriel Matzneff, visé depuis janvier par une enquête pour «viols sur mineur», l’ex-adjoint à la maire de Paris Christophe Girard est désormais lui-même accusé d’abus sexuels par le New York Times, des allégations qu’il conteste «avec la plus grande fermeté» et qualifie de «graves» et «sans fondement».Son accusateur, Aniss Hmaïd, 46 ans, a affirmé au quotidien américain, dans le cadre d’une longue enquête publiée le 16 juillet, avoir été entraîné par Christophe Girard dès leur rencontre à Hammamet, en Tunisie, quand il avait 15 ans, dans une relation abusive de près de dix ans qui lui a laissé «des blessures psychologiques durables». «Il a profité de ma jeunesse, de mon jeune âge et tout ça pour ses plaisirs sexuels, dénonce-t-il depuis sa maison en banlieue parisienne. Ça a détruit ma vie en fait. Aujourd’hui je me considère comme une terre brûlée.»

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«Christophe Girard conteste ces dénonciations et ces faits avec la plus grande fermeté», a dénoncé dans un communiqué transmis à l’AFP son avocate Delphine Meillet, affirmant qu’elle engagera des poursuites pour «dénonciation calomnieuse» contre cet article. «Les faits dénoncés étant prescrits, la parole de l’accusateur, contre la parole de l’accusé, est laissée à l’appréciation du tribunal de l’opinion, où trop souvent une présomption de culpabilité en matière d’infractions sexuelles a pris le pas sur la présomption d’innocence», a ajouté l’avocate. Auprès du New York Times, Girard a nié toute relation sexuelle : «C’est un roman entier, là, il va sûrement pouvoir trouver un éditeur.» 

Christophe Girard en avril 2019 à Paris Photo Bertrand GUAY. AFP

«Trop puissant»

Selon Aniss Hmaïd, Girard a abusé sexuellement de lui quand il avait 16 ans, ajoute le quotidien, et l’a contraint à des rapports sexuels une vingtaine de fois au cours des années suivantes. A l’appui de ses affirmations, il a fourni au Times des attestations de travail et fiches de paie de la maison Yves Saint Laurent, ainsi que plus d’une centaine de photographies le montrant en compagnie de l’ex-adjoint à la culture, de sa famille et de ses amis. L’un de ces clichés montre Christophe Girard de face, entièrement nu. Quatre personnes contactées par le journal américain – son père et son petit frère, une ancienne petite amie et un ancien collègue de travail – ont confirmé qu’Aniss Hmaïd leur avait parlé de ces abus il y a près de vingt ans.

En échange de ses faveurs, poursuit l’article, Hmaïd assure que Girard l’employait parfois comme domestique dans sa résidence d’été dans le sud de la France et «lui obtenait des emplois temporaires au sein de la maison Yves Saint Laurent», dont il était l’un des principaux dirigeants avant d’entrer en politique. Girard déclare au quotidien américain ne pas se souvenir de la façon dont Hmaïd a obtenu ces emplois chez le couturier, ajoutant qu’ils ont peut-être été décrochés par l’intermédiaire de Pierre Bergé, confondateur de la maison de mode, décédé en 2017, qui «aimait bien» le jeune homme. Mais ce dernier dit n’avoir rencontré Bergé qu’une seule fois et lui avoir à peine parlé. Il assure aussi avoir envisagé de dénoncer Girard aux autorités mais en avoir été dissuadé par sa mère, qui le jugeait «trop puissant».

«Disparités similaires»

Christophe Girard a démissionné le 23 juillet de ses fonctions d’adjoint à la culture, après des attaques d’élus écologistes pourtant alliés de la maire socialiste Anne Hidalgo. Les enquêteurs avaient interrogé en mars celui qui fut, de 1986 à 1987, secrétaire général de la maison Yves Saint Laurent, structure qui, selon plusieurs récits, avait apporté un soutien financier à Matzneff dans les années 80. L’écrivain est visé par une enquête pour «viols sur mineur» ouverte par le parquet de Paris après la publication en janvier du roman autobiographique de Vanessa Springora : elle y décrit la relation sous emprise vécue lorsqu’elle avait 14 ans et Matzneff 50.

L’histoire que retrace Aniss Hmaïd repose, estime le New York Times,«sur des disparités similaires en âge, en pouvoir et en prestige mais aussi sur le déséquilibre persistant entre la France et ses anciennes colonies, dont la Tunisie, où certains Français se rendent en quête d’aventures sexuelles occasionnelles». Aniss Hmaïd, qui a contacté le quotidien américain dans la foulée d’un article qui détaillait le réseau des soutiens à Matzneff, dont Girard, explique s’être reconnu dans les jeunes filles abusées par l’écrivain. «C’est du racisme, c’est de l’abus sexuel, une forme d’abus culturel, de colonialisme», considère-t-il.


Source 1: LIBERATION avec AFP

Source 2: NYT