USA : « Thank you USA », Comment les dirigeants européens vont-ils accuser la Russie dans le sabotage de son Nord Stream ?


« Thank you USA », Comment les dirigeants européens vont-ils accuser la Russie dans le sabotage de son Nord Stream ?

Publié le 29.9.2022


Par Leila Mazboudi avec diverse source, croire que la destruction des tronçons des gazoducs Nord Stream en mer Baltique est un acte délibéré est une chose, en identifier l’auteur et l’accuser en public en est une autre.

Cette conviction et ce qui en découle reviennent aux Européens en particulier, les premiers concernés par cet acte de sabotage, qui a eu lieu dans les eaux de leur continent, et qui étaient d’autant plus les premiers clients du gaz russe.

Dans leurs déclarations officielles, les dirigeants européens affichent leur persuasion que ces tronçons ont été détruits délibérément. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borell l’a dit ouvertement. Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck l’admet aussi. L’Allemagne ayant été le principal bénéficiaire du gaz russe et de ses gazolines, dont il avait co-financé le Nord Stream 2 avec des milliards de dollars. L’Otan aussi l’a admis ce jeudi dans un communiqué.

Nier ces deux choses en viendrait à contrarier des rapports bien crédibles qui ne peuvent être contestés.

Comme celui du Réseau sismique national suédois de l’Université d’Uppsala qui a enregistré une activité dans la zone autour de l’île de Bornholm en mer Baltique, suggérant des explosions et non des tremblements de terre ni des glissements de terrain.
Et celui des sites internet qui tracent 24/24 les mouvements de tous les navires et qui ont montré que plusieurs bâtiments étaient présents dans la zone depuis plusieurs jours. Il s’agit surtout du navire d’attaque amphibie USS « Kearsarge » (identification internationale de la coque : LHD-3) qui fait partie de la flotte américaine.

Il se trouve que l’implication américaine est étayée par les déclarations en public du président américain Joe Biden, lors de la première visite du chancelier Helmut Scholz, le 8 février 2022, quelques jours avant le lancement de l’opération militaire russe en Ukraine. Il avait alors menacé qu’une attaque russe contre l’Ukraine signifierait la fin du Nord Stream 2. Biden avait alors déclaré textuellement : « Si les troupes et les chars russes traversent la frontière de l’Ukraine, il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin ». Une journaliste a insisté : «Comment comptez-vous faire exactement ? Puisque le projet et le contrôle du projet sont sous le contrôle de l’Allemagne ? » Ce à quoi Biden a répondu : « Je vous promets que nous y arriverons ».

Après l’acte de sabotage, d’aucuns ne se sont même pas donné la peine de contrôler leurs émotions, comme Radek Sikorski, l’eurodéputé et ancien ministre polonais de la Défense. Connu pour avoir été l’un des critiques les plus virulents du projet de pipeline russe depuis des années, il a posté le lendemain de l’attaque une photo de la surface de la mer au-dessus des fuites du pipeline, accompagnée d’un message : « Thank you, USA ».
Avec l’Ukraine, la Pologne est lésée par le Nord Stream 2 du fait qu’il la prive des rentrées que le Nord Stream 1 lui accordait, en traversant sa Zone exclusive économique.

Selon la logique des choses, la Russie n’a pas du tout intérêt à détruire son propre pipeline qui lui a coûté des dizaines de milliards et transportait son propre gaz. Si elle veut en priver l’Europe, elle n’a qu’à fermer le robinet.

Alors que les États-Unis ont tout intérêt à la faire, au moins pour que leur gaz liquéfié remplace l’hydrocarbure russe.

Géopolitiquement parlant, couper les liens entre la Russie et l’Europe fait partie de leur doctrine d’hégémonie mondiale dans sa géographie européenne.

Et puis, pour les Américains, les précédents ne manquent pas.

Jacques Baud, ancien colonel de l’armée suisse, spécialiste du renseignement, analyste en géostratégie, nous apprend que le président Reagan avait signé un décret qui autorisait le sabotage des gazoducs entre la Russie et l’Europe dans les années 80 du siècle dernier.

Dès lors, accuser la Russie nécessite d’aller à l’encontre de la logique rationnelle et géopolitique.

Les dirigeants et responsables européens qui sont soit de mèche avec les Américains ou persuadés de leur implication  le savent très bien. Tout en évitant d’accuser publiquement les USA, il leur faudrait déployer davantage d’efforts manipulateurs pour accuser les Russes. À l’instar de l’affaire du bombardement régulier de la centrale nucléaire de Zaporojié. Alors qu’elle est occupée par les Russes, leurs agences n’ont eu de cesse d’insinuer que les Russes seraient capables de la bombarder, en véhiculant la phrase : « Ukrainiens et Russes s’accusent mutuellement ». Un jeu médiatique qui sème le doute, connue des agences internationales occidentales et qui consiste à mettre bourreaux et victimes sur le même pied d’égalité.
-Force est de constater que l’affaire de cette centrale s’est estompée avec l’achèvement du récent référendum dans les 4 régions d’Ukraine pour rejoindre le territoire russe-

Les dirigeants européens et leurs médias pourraient donc se contenter de semer le doute que les Russes ont tout intérêt aussi à détruire les tronçons de leurs gazoducs. Comme lorsqu’une agence occidentale (internationale), en diffusant l’information sur leur sabotage, a laissé entendre que la Russie utilise l’arme du gaz comme moyen de chantage contre les Européens, sans évoquer les sanctions que ces derniers lui ont d’abord infligées . Ou en faisant miroiter des avantages que ce sabotage lui procurerait. Ou autres…

Plusieurs objectifs pourraient être servis par ces accusations arbitraires à l’encontre de la Russie.

Entre autres : Lui attribuer les conséquences qui découlent de cet acte, voire même des sanctions qui l’avaient précédé, tous les deux ayant privé l’Europe du gaz et la plongeant dans le froid hivernal : la cherté de la facture, si ce n’est les coupures de courant et tous les effets indésirables sur les activités économiques. Et donc anticiper le mouvement de contestation qui pointe du nez dans plusieurs pays européens. Et persuader davantage les moins contestataires, les plus dociles.

Dans un second plan, elles serviraient à dissuader la Russie d’envisager de riposter de la même manière, en visant les voies d’approvisionnement du gaz liquéfié américain. Les accusations se devant de l’acculer au pied du mur!

Or cette arme est à double tranchant : tant que Moscou est accusée de tous les maux, dont ceux qu’elle ne commet pas, pourquoi ne pas les commettre alors.

Généralement, pour empêcher un protagoniste d’aller jusqu’au bout, ce sont les avatars de la diplomatie qui interviennent, en lui donnant de faux espoirs, entre autres, sur la reprise des négociations par exemple. Ou en lui faisant miroiter certains avantages.

Ce qui explique parfois les soubresauts du président français Emmanuel Macron en vue de contacter son homologue russe. Comme ceci a eu lieu avant la tenue des référendums dans les quatre régions ukrainiennes pour rejoindre la Russie, pendant que les bombardements s’abattaient sur la centrale nucléaire.

Mais Poutine ne peut que connaitre ce jeu, du bâton et de la carotte. Et la distribution des rôles qui l’accompagne.  Alors que la carotte semble être de l’apanage des dirigeants européens, le bâton est sans aucun doute celui des dirigeants américains. Et entre les deux, ce sont les peuples européens qui en subissent les coups. Ils n’ont fait que commencer à les compter.

Source: Divers