Q INFOS – Assange, l’anti-souverain

« Bien plus qu’une biographie, ce livre est une arme qui déconstruit le système pour permettre à chacun d’agir sur l’Histoire, il est le premier pavé jeté en travers de la gueule des souverains dans les prémisses d’une révolution dont beaucoup rêvent encore. »

par Le Monde Moderne

Ma lecture imparfaite” par Lenny Sulak

Voici quelques jours que le confinement a pris fin pour la majorité d’entre nous. Certains ont repris le chemin du travail, laissant leurs enfants à contrecœur au sein d’une école devenue carcérale. Je ne vais pas commencer à vous énumérer les contradictions et les choix grotesques d’un gouvernement qui ne sait se montrer efficace que lorsqu’il s’agit de faire tapiner la France, les réseaux sociaux font suffisamment le relais de tant d’évènements qui donnent à rire ou à pleurer, souvent les deux et souvent de rage. Je préfère profiter de votre expérience de confiné(e) fraîchement libéré(e) pour attirer votre attention sur le cas d’un homme qui, lui, est toujours détenu de manière arbitraire : Julian Assange, le sujet du livre de Juan Branco chez Cerf.

Juan Branco a fait le choix de présenter son texte comme un cours de l’École Normale Supérieure et de ce fait, la lecture peut paraître hermétique. Abordant des thèmes tout aussi bien philosophiques que politiques, l’auteur a choisi d’étudier la figure de Julian Assange en l’incluant à un contexte économique, sociale et politique qui nous donne la mesure de l’action de son organisation, Wikileaks. Il ne se contente pas d’un déroulement linéaire de la biographie du sujet et prend le parti d’expliquer les rouages du système westphalien. Son entrée en matière dézingue le ministère des affaires étrangères français, où il a exercé, en soulignant le peu d’implication au réel de ces hommes, à la responsabilité diluée, qui se soumettent au jeu de conservation du système sans aucune considération pour la vie.

De ses débuts de hacker sous le pseudo de « Mendax » à sa collaboration avec Snowden ou les Anonymous, en passant par la création de Wikileaks en 2006, l’auteur intègre chacune des actions de Julian Assange à un environnement spécifique de la souveraineté qui ne diffère que par les visages qui la représentent. Ainsi, Juan Branco nous présente le cas Snowden avec détails et précisions afin d’expliciter les enjeux inhérents à la surveillance de masse alors dénoncée. Insistant par la même occasion sur la nécessité d’un média comme Wikileaks, renseigné par des sources anonymes et qui ne propose que des articles basés sur des documents certifiés. L’auteur s’attarde également sur les accusations d’agression sexuelle à l’encontre de Julian Assange qui ne sont fondées sur aucune plainte. Revenant sur les faits, à savoir que les supposées victimes ont toujours clamé que les rapports étaient consentis. Et pourtant, Assange est toujours moins libre que Roman Polanski

Juan Branco déroule près de cinquante ans de jeu politique et revient sur certains évènements et guerres contemporaines, il nous propose d’aborder l’Histoire sous un angle différent en mettant à jour des corrélations plus que troublantes. Rappelant toujours que le marginal, celui qui ne se soumet pas à la souveraineté, est le dernier rempart contre l’asservissement de tous, le dernier garant de nos libertés. Qui plus est, il est l’un des seuls bastions contre un système anxiogène qui dirige par la duperie et asservi par la puterie. Wikileaks, comme « oracle de Delphes » * des temps modernes, Assange comme protecteur de ses sources et révélateur de vérités. Bien plus qu’une biographie, ce livre est une arme qui déconstruit le système pour permettre à chacun d’agir sur l’Histoire, il est le premier pavé jeté en travers de la gueule des souverains dans les prémisses d’une révolution dont beaucoup rêvent encore…

*Assange : L’anti-souverain de Juan Branco.

Un extrait

Pour se le procurer : https://www.decitre.fr/livres/assange-9782204133074.html

Source:

Assange, l’anti-souverain