« Je me sens trahie, jetée comme une malpropre » : une soignante témoigne après avoir été suspendue, faute d’être vaccinée


« Je me sens trahie, jetée comme une malpropre » : une soignante témoigne après avoir été suspendue, faute d’être vaccinée

Publié le 25.9.2021 par Emmanuelle Bourdy


Illustration  (JEFF PACHOUD/AFP via Getty Images)
Illustration (JEFF PACHOUD/AFP via Getty Images)

Magali, 38 ans, est soignante. Elle exerce à l’hôpital de Trévenans près de Belfort. Le 15 septembre, elle a été suspendue de ses fonctions, faute d’être vaccinée contre le Covid-19. Elle considère que cette décision est une « injustice », alors qu’elle avait « répondu présente » lorsque la pandémie est arrivée au printemps 2020.

Depuis le 15 septembre, l’ensemble du personnel soignant devait avoir reçu au moins une injection du vaccin contre le Covid, sans quoi, ceux qui ne l’avaient pas fait risquaient la suspension sans salaire. C’est ce qui est arrivé à Magali, une infirmière de 38 ans qui travaille à l’hôpital de Trévenans.

Ainsi que le relate France 3 Bourgogne-Franche-Comté, au total, 12 soignants de l’hôpital du Nord Franche-Comté, basé à Trévenans près de Belfort, n’étaient pas encore vaccinés au 15 septembre dernier.

« Après 20 ans de service public, être jetée ainsi… »

« Je me sens trahie, jetée comme une malpropre », confie Magali, qui a reçu un coup de téléphone, puis un email l’informant de sa suspension. « Avec regret pour vous et la collectivité hospitalière, je me vois dans l’obligation de vous faire parvenir ma décision de suspension, sans traitement à compter du 15 septembre », lui a notifié sa direction.

Depuis l’annonce de cette suspension, Magali ressent « de la colère, de la tristesse que ça puisse se finir ainsi, de l’injustice, car je ne pense pas avoir mérité cette suspension », explique-t-elle à France 3. « J’ai été aide-soignante, puis infirmière, j’ai bataillé pour avoir ces diplômes. Après 20 ans de service public, être jetée ainsi… », déplore-t-elle encore. Pour autant, elle assume son choix, estimant qu’il y a un manque de recul sur ce vaccin. De plus, elle explique avoir été contaminée lors de la première vague et considère qu’elle est immunisée.

« Ça ne veut pas dire que je suis une mauvaise soignante »

« Je ne veux pas de ce vaccin à l’heure d’aujourd’hui. Ça ne veut pas dire que je suis une mauvaise soignante », argumente l’infirmière. « On montre du doigt les soignants qui ne sont pas vaccinés. Je ne suis pas plus dangereuse que quelqu’un qui est vacciné », ajoute Magali, qui souligne en outre que même les personnes vaccinées peuvent encore transmettre le Covid.

L’infirmière raconte encore comment, lorsque la pandémie est arrivée, les soignants ont répondu présent, malgré les nombreuses interrogations sur ce virus. « On n’avait pas forcément le matériel pour, pourtant, on y a été. Et aujourd’hui on nous jette. Je trouve ça inhumain », s’indigne la soignante auprès de France 3.

« On a appris que 28 personnes en arrêt maladie ont été suspendues »

Magali est de plus inquiète quant à son avenir, incertain. Même si elle est soutenue par son conjoint, l’infirmière espère néanmoins « vite retrouver du travail pour subvenir aux besoins de [sa] famille ». Elle s’attend à devoir « se serrer la ceinture ».

« Si les agents ne veulent pas se faire vacciner, à partir du 16 novembre, il va y avoir des licenciements, ça nous a été annoncé lors d’une réunion verbalement », a effectivement annoncé à France 3 le délégué CGT Bruno Lemière.

Si le ministre de la Santé Olivier Véran a avancé que 3000 soignants ont été suspendus ce mercredi 15 septembre, ce chiffre aurait déjà augmenté, selon les propos de l’entourage du ministre de la Santé exprimés ce 20 septembre, ainsi que l’a révélé Le Monde. Cette augmentation serait due, entres autres, à de nouvelles suspensions, mais également au fait que certains établissements n’avaient pas encore donné leurs chiffres.

En plus des 24 suspensions, « on a appris que 28 personnes en arrêt maladie ont été suspendues », a effectivement indiqué Bruno Lemière, présent devant la préfecture du Territoire de Belfort ce mardi 21 septembre, alors que des personnels « suspendus » s’étaient réunis.  « Pour nous, c’est clair que c’est illégal. Soit on est suspendu, soit on est en arrêt, ça ne peut pas être les deux. On ne va pas laisser faire », a conclu le syndicaliste.

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