Q INFOS – La Russie suit les États-Unis dans leur retrait du traité Ciel ouvert.


La Russie suit les États-Unis dans leur retrait du traité Ciel ouvert

Publié le 15.01.2021 par THE ASSOCIATED PRESS


President Donald Trump and Russia's President Vladimir Putin talk as they make their way to take the 'family photo' during the Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC) leaders' summit in the Danang, Vietnam, on Nov. 11, 2017. (Mikhail Klimentyev/AFP/Getty Images)

Le président Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine s’entretiennent alors qu’ils se préparent à prendre la « photo de famille » lors du sommet des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Danang, au Vietnam, le 11 novembre 2017. (Mikhail Klimentyev/AFP/Getty Images)

La MOSCOU-Russie a déclaré vendredi qu’elle se retirerait d’un traité international autorisant les vols de surveillance au-dessus des installations militaires après la sortie des États-Unis du pacte, ce qui aggrave les difficultés rencontrées par la nouvelle administration du président élu Joe Biden.

Le ministère russe des affaires étrangères a déclaré dans un communiqué que le retrait des États-Unis du traité « Ciel ouvert » l’année dernière « a considérablement bouleversé l’équilibre des intérêts des États signataires », ajoutant que les propositions de Moscou visant à maintenir le traité en vigueur après la sortie des États-Unis ont été rejetées par les alliés de Washington.

Le ministère a déclaré que la Russie lance actuellement les procédures nécessaires pour se retirer du pacte « en raison de l’absence de progrès dans la suppression des obstacles au fonctionnement du traité dans les nouvelles conditions ». Le parlement russe, qui a ratifié le traité en 2001, devra maintenant voter pour le quitter.

Le traité visait à instaurer la confiance entre la Russie et l’Occident en permettant aux plus de trois douzaines de signataires de l’accord d’effectuer des vols de reconnaissance au-dessus de leurs territoires respectifs afin de recueillir des informations sur les forces et les activités militaires. Plus de 1 500 vols ont été effectués dans le cadre de ce traité, qui vise à favoriser la transparence des activités militaires et à contribuer au suivi des accords de maîtrise des armements et autres.

Le président américain Donald Trump s’est retiré du traité « Ciel ouvert », arguant que les violations russes rendaient intenable le maintien de la participation des États-Unis. Les États-Unis ont achevé leur retrait du pacte en novembre.

Le président Trump et Vladimir Poutine

President Trump and Vladimir Putin
Le président Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine se serrent la main lors d’une conférence de presse commune après leur rencontre à Helsinki, en Finlande, le 16 juillet 2018. (Kevin Lamarque/Reuters)

La Russie a nié avoir violé le traité, qui est entré en vigueur en 2002. L’Union européenne a exhorté les États-Unis à reconsidérer leur position et a demandé à la Russie de rester dans le pacte et de lever les restrictions de vol, notamment au-dessus de sa région la plus occidentale, Kaliningrad, qui se trouve entre la Lituanie et la Pologne, alliées au sein de l’OTAN.

La Russie a fait valoir que les limites imposées aux vols au-dessus de Kaliningrad, qui abrite des forces militaires importantes, sont autorisées par les termes du traité, notant que les États-Unis ont imposé des restrictions plus sévères sur les vols d’observation au-dessus de l’Alaska.

Comme condition pour rester dans le pacte après le retrait des États-Unis, Moscou a cherché sans succès à obtenir des garanties des alliés de l’OTAN qu’ils ne transféreraient pas aux États-Unis les données recueillies lors de leurs vols d’observation au-dessus de la Russie.

Leonid Slutsky, chef de la commission des affaires étrangères à la chambre basse du parlement russe, a déclaré vendredi lors d’une intervention télévisée que la Russie pourrait revoir sa décision de se retirer si les Etats-Unis décidaient de revenir au pacte, mais a reconnu que cette perspective semblait « utopique ».

Moscou a averti que le retrait américain éroderait la sécurité mondiale en rendant plus difficile pour les gouvernements d’interpréter les intentions des autres nations, en particulier au milieu des tensions entre la Russie et l’Ouest après l’annexion russe de la Crimée ukrainienne en 2014.

Tupolev

Un avion de reconnaissance de la Fédération de Russie, un Tupolev Tu-154 du Traité Ciel Ouvert, s’est posé sur la piste de la base aérienne d’Elmendorf à Anchorage, Alaska, avant son départ pour deux survols du centre de l’Alaska, le 10 juin 2004. (Mark Farmer/File/AP Photo)

La disparition du traité « Ciel ouvert » fait suite au retrait des États-Unis et de la Russie en 2019 du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.

Le traité FNI, signé en 1987 par le président américain Ronald Reagan et le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, interdisait les missiles de croisière et les missiles balistiques terrestres d’une portée de 500 à 5 500 kilomètres (310 à 3 410 miles), armes considérées comme particulièrement déstabilisantes en raison du temps plus court qu’elles mettent à atteindre leurs cibles par rapport aux missiles balistiques intercontinentaux.

Le seul pacte américano-russe de contrôle des armements encore en vigueur est le traité New START qui expire dans trois semaines. Moscou et Washington ont discuté de la possibilité de le prolonger, mais n’ont pas réussi jusqu’à présent à surmonter leurs divergences.

M. Biden s’est prononcé en faveur de la préservation du traité New START et la Russie a déclaré qu’elle était ouverte à sa prorogation rapide et inconditionnelle. Mais la négociation de l’accord avant l’expiration du pacte le 5 février semble extrêmement difficile.

Le traité New START a été signé en 2010 par le président américain Barack Obama et le président russe Dmitri Medvedev. Il limite chaque pays à un maximum de 1 550 ogives nucléaires déployées et 700 missiles et bombardiers déployés, et prévoit des inspections approfondies sur place pour vérifier le respect de l’accord.

Les partisans du contrôle des armements ont averti que son expiration supprimerait tout contrôle des forces nucléaires américaines et russes, ce qui porterait un coup à la stabilité mondiale.

Par Vladimir Isachenkov


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