Q INFOS – Au moins 1 500 prêtres et religieux auraient abusé d’enfants et d’adultes vulnérables depuis 1950.


Le président de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique, Jean-Marc Sauvé, a estimé, mercredi, à « plus de 3 000 » le nombre de victimes en France depuis cette période.


#Pedogate

Le Monde, 18 juin 2020,

« Il est temps de révéler la face cachée de notre société » : au moins 1.500 prêtres et religieux auraient abusé d’enfants et d’adultes vulnérables depuis 1950 !…

Jean-Marc Sauvé, président de la Ciase, en 2018 à l’Elysée.
Jean-Marc Sauvé, président de la Ciase, en 2018 à l’Elysée. LUDOVIC MARIN / AFP

La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique (Ciase) n’en est qu’à « mi-chemin » et il lui reste encore du travail pour croiser ses « sources multiples ». Mais cet organisme, chargé par l’Eglise catholique de faire la lumière sur les violences sexuelles commises depuis 1950 par des prêtres ou des religieux sur des mineurs ou des majeurs vulnérables, pense déjà pouvoir dire qu’à l’issue de ses travaux, à l’automne 2021, les auteurs recensés « ne pourront pas être inférieurs à 1 500 ».

Les victimes de ces faits seront, elles, « plusieurs milliers », au moins 3 000, a indiqué Jean-Marc Sauvé, le président de la Ciase, qui a donné pour la première fois ces évaluations lors d’un point presse, mercredi 17 juin.

L’appel à témoignages lancé il y a un an, en juin 2019, et qui est prolongé jusqu’au 31 octobre, a déjà recueilli 5 300 appels. Certains peuvent émaner d’une même victime. De leur côté, les abuseurs ont généralement fait plusieurs victimes. Certains ont « créé un véritable système d’abus » et d’autres ont violenté « plusieurs dizaines d’enfants », a précisé l’ancien haut fonctionnaire.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Abus sexuel dans l’Eglise : à la commission Sauvé, « nous apprenons tout des victimes »

La Ciase a pour ambition de « dénombrer, de la manière la plus exhaustive possible, les abus, les victimes et les auteurs ». Mais elle sait que toutes les victimes ne témoigneront pas, « soit parce qu’il y a encore chez elles trop de souffrance, soit parce qu’elles ont voulu tourner la page ». Bien souvent, elles mettent des décennies à oser parler. La majorité des personnes qui le font aujourd’hui sont âgées. « Deux tiers des agressions rapportées se sont produites dans les années 1950,1960 et 1970 », a expliqué M. Sauvé.

Pour aider à la recension des faits, les enquêteurs poursuivent leur exploration des archives. L’inventaire de celles des diocèses et des congrégations est achevé. Celui de la justice est en cours. La presse est aussi mise à contribution pour débusquer des cas et les confronter aux témoignages. « Car très tôt nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des témoignages sans archives et des archives qui ne débouchaient sur aucun témoignage », a fait valoir M. Sauvé. La commission fera un travail d’enquête de terrain plus poussé dans une vingtaine de diocèses et une dizaine de congrégations.

Dans un entretien au quotidien La Croix, mercredi, l’ancien vice-président du Conseil d’Etat a attiré l’attention sur les abus qui ont été commis sur des adultes. Il a indiqué que 12 % à 13 % des signalements ont pour auteur des personnes qui, majeures, ont été « engagées dans une relation à caractère sexuel non librement consentie » alors qu’elles étaient « dans un rapport d’autorité, d’emprise, de direction de conscience ou d’accompagnement spirituel » vis-à-vis de leur agresseur. Ce sont en grande majorité des femmes, alors que, globalement, les signalements d’abus proviennent à 62 % d’hommes.


Source 1: Le Monde

Source 2: Le Matin