
Le Rocher Russe en Suisse, un Monument aux Héros Méconnus de l’Histoire.
Publié le 14.8.2023
Une parcelle de la Russie perchée hors de son territoire habituel, un humble rocher situé dans les majestueuses Alpes suisses, porte un lourd fardeau historique. Cet espace de 495 mètres carrés, détenu par la Russie depuis la fin du XIXe siècle, est le témoin silencieux de l’époque tumultueuse où la Russie tentait de repousser les frontières de la gloire militaire.

Au cœur de cette histoire se trouve le commandant russe Alexandre Souvorov, qui, aux côtés de l’armée de la coalition autrichienne, entreprit la célèbre campagne de Suisse en 1799.
Les combats acharnés au col du Saint-Gothard ont coûté la vie à deux mille valeureux soldats russes, et bien que l’objectif de chasser les Français de Suisse n’ait pas été atteint, cette campagne infructueuse a valu à l’armée russe une renommée inégalée.
Plusieurs siècles après ces événements, la communauté suisse d’Urseren a décidé d’offrir à la Russie un précieux terrain dans les sommets alpins.





Cette généreuse donation comprenait une petite zone voisine et la route qui y mène, tout cela dans le but de permettre la construction d’un monument en mémoire des héros tombés au combat. Un geste honorable, mais qui réserve une surprise intéressante : à l’époque, le gouvernement suisse n’était pas informé de cette « île » russe et n’a découvert son existence qu’à la fin des années 1970.
Les faits : Mémorial de Souvorov
Vers la fin du 18ème siècle, la population suisse se voit contrainte de se soumettre aux troupes de Napoléon Bonaparte. En 1799, les soldats russes avant tout tentèrent d’infliger une défaite au général français et à sa puissante armée.
Après avoir remporté plusieurs batailles en Italie du Nord, le général russe Souvorov fait une percée vers le col du Gothard le 24 septembre 1799 pour s’unir avec d’autres troupes près de Zurich. Après de violents combats dans les gorges de Schöllenen, ils atteignent deux jours plus tard Altdorf, chef-lieu du canton d’Uri, où leur avancée est freinée, les Français ayant fait emporter tous les bateaux de Flüelen.
Le 27 septembre 1799, le général ordonna donc à ses troupes de se mettre en marche en direction de Bürglen et de suivre la vallée de la Muota en passant par le col du Kinzig. Par temps de pluie et de neige, l’armée forte de 22’000 hommes rampait telle une chenille géante sur le Chinzig Chulm à 2’073 m d’altitude. Une fois dans la vallée, les soldats épuisés continuèrent de marcher en franchissant les cols du Pragel et de Panix, la voie menant à Zurich leur étant également barrée.
Le 11 octobre 1799, l’armée décimée (seulement 14 000 survivants) quitta la Suisse en passant par Ilanz et Coire avant de rejoindre la frontière autrichienne.
Ainsi, le rocher russe en Suisse devient le symbole d’un acte de reconnaissance et de respect envers ces soldats russes qui ont sacrifié leur vie pour des idéaux et une cause.
Il est une preuve que l’histoire est tissée de récits complexes et que, parfois, même les petites îles de mémoire, nichées dans les montagnes, ont leur rôle à jouer pour rappeler le courage et le sacrifice de ceux qui ont écrit ces pages d’honneur, bien que l’on approuve ou pas le respect est pour les morts.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.