Au Canada, la rupture des engagements chinois sur les vaccins a entrainé des millions de pertes et un retard dans la fabrication.


Au Canada, la rupture des engagements chinois sur les vaccins a entrainé des millions de pertes et un retard dans la fabrication

Publié le 18.10.2021 par Andrew Chen


Une infirmière montre un vaccin Covid-19 produit par la société chinoise Sinovac Biotech à l'hôpital Sao Lucas de Porto Alegre, dans le sud du Brésil, le 8 août 2020. (SILVIO AVILA/AFP via Getty Images)
Une infirmière montre un vaccin Covid-19 produit par la société chinoise Sinovac Biotech à l’hôpital Sao Lucas de Porto Alegre, dans le sud du Brésil, le 8 août 2020. (SILVIO AVILA/AFP via Getty Images)

Selon un nouveau rapport, l’insistance du gouvernement fédéral à s’associer à un fabricant de vaccins chinois aux premiers stades de la pandémie a entrainé un retard de près de deux ans dans la production d’un vaccin canadien.

Durant plusieurs mois, le gouvernement canadien a attendu en vain l’arrivée d’un échantillon de vaccin COVID-19 provenant de Chine. Par ailleurs, il a investi des millions pour moderniser une installation qui finalement n’a jamais produit aucun vaccin, selon des documents du gouvernement  récupérés par l’équipe de l’émission The Fifth Estate de CBC.

Les documents montrent qu’en mai 2020, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) a signé un accord de collaboration avec l’entreprise chinoise CanSino Biologics afin d’« accélérer » à la production d’un vaccin contre le COVID-19 pour une utilisation d’urgence au Canada.

CanSino, affiliée au Parti communiste chinois (PCC) et à l’armée chinoise, devait expédier les vaccins au Canada pour des essais cliniques ce même mois.

Selon les documents, en vue de lancer la production de ces vaccins, le CNRC a débloqué 44 millions de dollars canadiens pour moderniser une installation de production temporaire à Montréal (avant même la signature du contrat).

Mais les vaccins de CanSino ont été retenus par les douanes chinoises dans des circonstances suspectes et n’ont jamais été livrés.

Selon une note du gouvernement fédéral révélée par CBC, le Premier ministre Justin Trudeau a rendu public le contrat avec CanSino le 16 mai 2020, dès lors l’ambassade canadienne allait batailler durant des jours avec les douanes chinoises pour faire sortir les vaccins du pays.

« Les vaccins de CanSino sont toujours aux douanes en Chine », indique le document. « L’ambassade a une [réunion] demain. En supposant qu’ils passent la douane [demain], ils pourront être mis sur un vol le 27 [mai]. »

Mais les échantillons de vaccins n’ont jamais franchi la douane du fait, selon les experts, de la fameuse discorde politique entre le Canada et la Chine autour de Meng Wangzhou.

Car c’est précisément ce 27 mai 2020 que Meng Wanzhou – la directrice financière très en vue de Huawei – perdait son un appel devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique. Mme Meng avait été arrêtée en décembre 2018 à Vancouver en vertu d’un mandat américain visant à la faire extrader pour des accusations de fraude bancaire.

En juillet 2020, le vaccin CanSino restait le seul candidat approuvé par Santé Canada pour des essais cliniques dans le pays.

En août 2020, le CNRC a dû abandonner le projet CanSino, car la Chine n’a pas rendu possible l’expédition des échantillons vaccinaux au Canada.

Les conservateurs ont critiqué le gouvernement libéral pour son partenariat avec le laboratoire chinois, soulevant des problèmes de sécurité et la lenteur du déploiement des vaccins au Canada par rapport aux autres pays.

« Le SCRS [Service canadien du renseignement de sécurité] signalait CanSino comme une menace pour la sécurité nationale depuis des années, mais les libéraux faisait la sourde oreille face nos experts canadiens », a dénoncé le chef conservateur Erin O’Toole dans un commentaire publié dans le National Post en décembre 2020.

« Après avoir sans doute soutiré des recherches canadiennes utiles sur les vaccins, la Chine a rompu ses relations et a refusé d’envoyer des échantillons », a écrit M. O’Toole.

Les libéraux ont défendu leur politique vaccinale en affirmant avoir sollicité et employé d’autres fabricants avant l’effondrement des accords avec CanSino.

« Nous mettons nos œufs dans autant de paniers différents que possible, et c’est ainsi que nous avons réussi à créer une liste de commandes de vaccins des plus diversifiées et à avoir plus de doses de vaccin par habitant que n’importe quel autre pays. Nous avons toujours été là pour les Canadiens », a déclaré Justin Trudeau à la Chambre des communes le 2 décembre 2020.

Mais les démarches du gouvernement n’ont pas manqué d’être incohérentes. Ainsi, malgré l’effondrement du partenariat chinois, M. Trudeau a annoncé lors d’une conférence de presse le 31 août 2020 la modernisation du laboratoire de Montréal en vue de produire des vaccins CanSino.

Le cabinet du Premier ministre a également déclaré que l’installation devait «permettre la production préliminaire de 250 000 doses de vaccin par mois à partir de novembre 2020 », ce qui ne s’est jamais concrétisé.

À ce jour, l’installation du CNRC n’a pas produit un seul vaccin, a rapporté CBC.

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